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— 70 - Proscrivant jusqu’à la moindre trace de sensualisme, Thorvaldsen, dans ces aimables fantaisies, se souvient de la Grèce de Socrate, le dernier sculpteur qui fit les Grâces vêtues. Il nous fait relire Platon sans descendre jamais à Epicure. En modelant d’après le frivole Anacréon, il anoblit le poète de Téos. Au.choix délicat du sujet, le sculpteur i joint la correction des lignes et la perfection sobre du modelé. Les amours et les génies de Thorvaldsen s’écartent sagement des figures joufflues, des formes contournées des raccourcis tourmentés, taillés aux deux derniers siècles;, ♦ comme des types grêles que Canova emprunta à la Renaissance. Pour exprimer la grâcieuse souplesse de la tendre jeunesse, Duquesnoy ramasse les attitudes, grossit les chairs, creuse les fossettes." D’autres artistes, retracent des musculatures adultes dans des corps enfantins, exa­ gèrent la mutinerie et la vivacité jusqu’à accuser des angles disgracieux. Là, sous prétexte de poétiser l’expres­ sion, ils étirent en longueur les-proportions naturelles. Thorvaldsen, en cherchant l’élégancç, respecte les limites rationnelles. Ses amours sont, comme les angesde Raphaël, des enfants bien vivants, posés avec calme, d’une douceur suave, exempts de l’afféterie câline du Corrège et de Jules Romain. Au milieu des mythes athéniens, la muse du nord demeure pure et voilée d’une douce mélancolie; à peine si un sourire passager se mêle au charme que répandent ses créations. C’était encore le retour au grand style hellé­ nique, lorsque la Grèce sculptait et peignait si excellement

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