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— 48 heureux de créer sans souffrir, et trouvant dans la réalisa­ tion de leur conception les ravissements intimes de la force créatrice. Cette puissance surprenante ne naissait point seulement d’une imagination vivace, elle était le fruit d’études constantes, d’un travail poursuivi partout et sans relâche. Au plus haut degré de sa renommée, Thorvaldsen reste l’enfant laborieux que nous avons admiré en Bertel. Lors même que ses doigts agiles et exercés ne maniaient point la cire ou l’argile, sa pensée toujours active évoquait une image idéale où perfectionnait l’attitude d’une con-' ception nouvelle. l ’aut-il dès lors s’étonner si, dans son atelier, l’œuvre surgit instantanément sur la selle du modeleur, répondant à l’incantation énergique de l’artiste? Malgré l’essor rapide de son imagination, Thorvaldsen savait la maîtriser. Il poursuivait courageusement le tra­ vail qu’il aurait nu improviser. Les nombreuses maquettes du même sujet, que nous avons étudiées au musée de Copenhague; les essais successifs, qui se perfectionnent par degrés ; les reproductions de ses statues, toujours améliorées ; prouvent hautement que le sculpteur, loin de se complaire dans une première réussite, s’astreignait au principe du poëte : remettant cent fois l’ouvrage sur le métier, cherchant sans cesse une image plus voisine .de l’idéal, et triomphant ejifin de tous les obstacles par un opiniâtre labeur. La rectitude du jugement artistique de Thorvaldsen, l’abritait contre une tendance dangereuse qui énerve trop