545167107

*■ — 82 —

,

des modes passagères, s’affubler ,d’oripeaux grotesques, sombrer dans un réalisme terre-à-terre. L’habileté du ciseau remplaça l’inspiration : images maniérées, statues voilées en trompe-l’œil, marbres ciselés en'étroits réseaux, furent proclamés des merveilles. Plus tard on essaya de galvaniser ces cadavres glacés, à l’aide de rapprochements ingénieux. Alors naquit une allégorie cherchée, dont la fadeur ne pouvait produire que des figures tourmentées, aux attitudes prétentieuses, efféminées ou ridicules, écra­ sées sous un tas d’attributs disparates. Winkelmann balaya de sa plume puissante les Jupins de ballet, lesCupidons transis et les Vénus de boudoirs. Il réveilla l’antiquité grecque, en décrivant ses conceptions grandioses, en expli­ quant les beautés de ses images simples et idéales. Après lui,Lessing, dans le piquant traité d’esthétique qu’il nomma haocoon, compléta l’œuvre du savant qui avait si éloquem­ ment apprécié les contours élégants, les formes parfaites. Plus philosophe que Winkelmann, Lessing fit justice de l’allégorie plastique, telle qu’on la voyait au siècle dernier, mesquine, guindée, puérile ; pour rendre ses droits à la véritable poésie qui, explorant les rêveries intimes, les émotions de l’âme, plane dans le domaine sublime des pensées mystérieuses et infinies. aThorvaldsen appartient à ces esprits élevés, qui, en face . des erreurs d’un goût douteux, prôné par la-foule, com­ prenant les destinées de l’art, moderne, rompirent avec l’école pernicieuse qui dictait encore ses lois.

Made with FlippingBook - Online catalogs