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rompent peu à peu le goût, restreint à la réalité matérielle. De rares éclairs réveillent la statuaire sous Adrien ; pour sculpter l'Antinous chéri par ce prince, on s'efforça d’évo­ quer la grâce, mais on atteint déjà la mollesse qui va pré­ valoir et ravaler l'art au rôle secondaire et honteux de complaisant, d'esclave vil et flatteur, servant les passions et les vices. Dès que le dogme chrétien eût renversé les autels païens, on cessa de répéter les images que la croyance à un Dieu unique dépouillait de ;leur nimbe céleste. Pendant long­ temps on les proscrivit, en crainte d'un retour à l'idolâtrie. Eéagissant scrupuleusement contre le sensualisme corrup­ teur des derniers jours du paganisme, la foi évangélique fit d’abord table rase des règles esthétiques, source des chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque. L’ascétisme des pre­ miers chrétiens ne pouvait guèrç tolérer la statuaire qui, sous les empereurs romains, descendit aux derniers degrés du matérialisme. Le christianisme, ayant déclaré l'homme un être déchu ; le corps un vase de tentations perfides ; de scrupuleux adeptes éteignirent les derniers reflets de l'art dont quelques lueurs scintillent encore sur les peintures des catacombes et les fastueuses mosaïques byzantines. Quand on ne craignit plus l’adoration des images, le style devint conventionnel, hiératique. A peine si, dans les plus grandes villes du vieux monde, la tradition laisse reparaître une œuvre exceptionnelle ; comme les reliefs' de l'arc de Constantin, le Bon Pasteur de Borne

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